Par Owen Charters
Hier, aujourd’hui, et sans doute encore pour les semaines à venir, le monde entier a le regard rivé sur les médias pour suivre l’invasion catastrophique de l’Ukraine par la Russie. Il est terrifiant d’assister à la plus grande opération militaire menée en Europe depuis la Seconde Guerre mondiale, d’être témoins d’une attaque lâche contre une nation souveraine et démocratique.
Cette invasion s’ajoute à la pandémie actuelle, à l’anxiété liée à l’inflation, au « convoi de la liberté » et aux barrages… À la lumière de tout cela, il va sans dire que les discussions et les préoccupations concernant la santé mentale sont primordiales.
Récemment, les membres de l’ANEJ (l’Alliance nationale pour l’enfance et la jeunesse, un organisme de défense des intérêts des jeunes qui chapeaute divers organismes au service des enfants et des adolescents) ont rencontré l’honorable Marci Ien, ministre fédérale des Femmes, de l’Égalité des genres et de la Jeunesse. C’était la Journée du chandail rose et, plus tôt dans la journée, la ministre avait publié sur Twitter certains des messages horriblement méchants qu’elle a reçus sur Twitter en tant que politicienne.
C’est ce climat ambiant qui est à l’origine des problèmes de santé mentale observés partout dans la population. Et c’est inacceptable.
Il n’a donc pas été surprenant que la ministre ait posé à nos organismes des questions au sujet de la santé mentale chez les jeunes, visiblement pour aligner le mandat fédéral en matière de santé mentale sur notre travail et nos préoccupations. En fait, le gouvernement compte maintenant une ministre de la Santé mentale et des Dépendances, l’honorable Carolyn Bennett, que j’ai rencontrée en décembre.
Par ailleurs, nos Clubs signalent des préoccupations croissantes pour lesquelles il est urgent d’agir en ce qui concerne la détérioration de la santé mentale, non seulement chez les jeunes qu’ils servent, mais aussi chez les membres de leur personnel.
Cela dit, il ne faut pas oublier que la santé mentale est un indicateur d’autres problèmes. Oui, la santé mentale elle-même est un sujet à ne pas négliger. Mais bien des problèmes liés à celle-ci sont provoqués par les pressions que les jeunes des Clubs subissent chaque jour. Il y a les pressions flagrantes, comme la pauvreté et la faim, et les plus sournoises, comme le racisme, la xénophobie, une société divisée où règne la colère.
La criminalité est un autre symptôme de ces problèmes. Après qu’un adolescent ait été tué par balle dans son école secondaire à Scarborough, un garçon de 14 ans a été accusé de meurtre pour cette fusillade de type « exécution ». C’est horrifiant. Si vous avez suivi les nouvelles au cours de la dernière année, vous savez que la criminalité et la violence chez les jeunes, ainsi que la violence des gangs de rue, sont à la hausse dans les grands centres du Canada.
La criminalité et la santé mentale. Nous avons insisté sur ce point auprès de la ministre : les deux sont des symptômes de quelque chose de plus grand. Et s’attaquer uniquement à ces symptômes ne réglera pas le problème. J’ai mis l’accent sur l’importance de ne pas consacrer une infinité de ressources à la police : nous avons plutôt besoin d’investir dans la prévention. Nous devons investir dans le soutien en santé mentale, mais aussi dans la mobilisation des jeunes : c’est ainsi que nous pourrons mettre fin au cercle vicieux de la criminalité et des problèmes de santé mentale.
Il faut lutter contre un climat dans lequel les politiciens croient qu’il est tout à fait acceptable de criminaliser l’aide et le soutien dont les enfants transgenres ont besoin, ou qui considèrent que les enfants ne devraient pas entendre parler de sexualité ou des questions 2SLGBTQIA+. Il s’agit de deux exemples des États-Unis, mais le climat de répression, de division, d’intolérance et de sectarisme est virulent et contagieux, et le Canada n’est pas à l’abri de celui-ci.
Guerre, pandémie, racisme, discrimination… Pas étonnant que la santé mentale soit une source de préoccupation aussi importante. Nous devons nous attaquer à la crise de santé mentale, mais aussi à ses causes profondes. Nous devons lutter pour favoriser une société ouverte, bienveillante et tolérante. Une société au sein de laquelle les jeunes peuvent grandir et s’épanouir, et non se réfugier derrière une carapace de cicatrices et durcir leur caractère pour faire face à un monde vil et froid. Cette dernière option ne fait qu’entraîner une augmentation de la criminalité, du besoin d’investissements en santé mentale et des problèmes en général. Nous devons lutter contre la démagogie et la répression.
Nous devons investir dans nos jeunes pour créer la société à laquelle nous aspirons. Pour mettre les chances de leur côté. Pour favoriser les liens, renforcer la résilience et donner de l’espoir. Voilà le message que nous continuerons à transmettre au gouvernement fédéral, aux politiciens et aux responsables des décisions, à toute personne qui voudra bien nous écouter.
Et c’est le message et la mission que nous allons transmettre à nos jeunes.