Recommandations pour le budget de 2023
- Recommandation 1 : Établir un financement fédéral visant à appuyer les services de garde avant et après l’école pour les enfants de 6 ans et plus.
- Recommandation 2 : Créer et financer une stratégie de main-d’œuvre inclusive pour le secteur des services sociaux et communautaires.
- Recommandation 3 : Continuer de contribuer à la modernisation du secteur caritatif et sans but lucratif en mettant en œuvre et en finançant davantage le Fonds de relance des services communautaires, ainsi qu’en investissant dans la collecte de données pour le secteur du travail auprès des jeunes.
Introduction
En tant que plus grand organisme au service des enfants et des ados au Canada, BGC Canada (anciennement Repaires jeunesse du Canada) offre des programmes et des services essentiels à plus de 200 000 jeunes de plus de 750 collectivités d’un bout à l’autre du pays. Depuis plus de 120 ans, nos Clubs sont là pour les enfants, les ados et les familles. Quel que soit le besoin d’un jeune, nos Clubs y répondent : aide aux devoirs, hébergement pour les personnes en situation d’itinérance, petite collation après l’école (ou son seul repas de la journée), ou même tout simplement un « tope là » d’encouragement ou une discussion individuelle pour s’informer de sa santé mentale. Grâce à ses programmes qui changent des vies, aux services de proximité et aux relations nouées avec des pairs et des adultes bienveillants, BGC Canada aide les enfants et les ados à acquérir les compétences dont ils ont besoin pour réussir.
Les dernières années n’ont pas été faciles pour les jeunes, leurs familles et les Clubs. Pendant la pandémie, nos Clubs ont été en mesure d’offrir 75 000 heures de programmation virtuelle aux jeunes à la maison. Au cours de la dernière année, ils ont ouvert leurs portes à des réfugiés venus d’Afghanistan et d’Ukraine. Plus récemment, les Clubs d’un bout à l’autre du pays ont fourni leur soutien aux collectivités locales touchées par les feux de forêt et les ouragans, souvent tout en s’affairant à reconstruire leurs propres locaux. Tout cela dans un contexte de pénurie de main-d’œuvre, d’inflation et d’instabilité économique qui rend le travail des Clubs plus important que jamais.
Chez BGC, nous savons que nous devons mettre les chances de leur côté. Les jeunes qui fréquentent les Clubs BGC ont moins d’interactions avec le système judiciaire, ont une meilleure santé mentale et physique et éprouvent moins de difficultés scolaires. Ces mesures de soutien sont essentielles pour aider les enfants et ados à se remettre des effets de la pandémie de COVID-19 et pour relever les défis qui nous attendent. Nos recommandations pour le budget de 2023 mettent en évidence la nécessité de soutenir non seulement les jeunes, mais aussi le personnel et les organismes qui leur offrent eux-mêmes du soutien. Ensemble, nous pouvons aider les enfants et les ados à découvrir leurs rêves et à les réaliser, afin qu’ils deviennent plus tard des membres sains et actifs de la société.
Recommandations
Établir un financement fédéral visant à appuyer les services de garde avant et après l’école pour les enfants de 6 ans et plus
BGC Canada a applaudi les investissements historiques des gouvernements fédéral et provinciaux dans l’établissement d’un système national de services de garde d’enfants à 10 $ par jour. Nous avons également accueilli favorablement les investissements du budget de 2022 visant à renforcer l’infrastructure des services d’apprentissage et de garde d’enfants à but non lucratif. Ayant bénéficié de ce financement, nos Clubs ont pu constater par eux-mêmes les avantages d’investir dans la jeunesse de manière précoce et durable.
Les Clubs offrent des services de garde de grande qualité aux tout-petits et aux enfants d’âge préscolaire, mais les familles ne cessent pas d’en avoir besoin au moment où leur enfant entre à la maternelle. De nombreux parents ont besoin qu’on s’occupe de leurs enfants d’âge scolaire une fois que la cloche sonne pour annoncer la fin des cours. En outre, dans les collectivités rurales et dans les cas où les parents travaillent par quarts ou accumulent les petits boulots, les programmes avant l’école sont tout aussi importants. Les Clubs BGC ont aussi constaté une augmentation de la demande pour des programmes flexibles avant et après l’école de la part des parents qui ont commencé à faire du télétravail pendant la pandémie de COVID-19 et qui, selon les horaires de leur famille, n’ont besoin de faire garder leurs enfants que quelques heures par jour ou quelques jours par semaine. En plus des avantages économiques que représente le maintien des parents sur le marché du travail, les programmes avant et après l’école sont aussi essentiels pour contribuer au développement des enfants. Des programmes comme ceux des Clubs BGC améliorent les taux d’activité physique et les résultats scolaires chez les jeunes, ce qui vient pallier les importantes pertes d’apprentissage causées par la pandémie1.
BGC Canada recommande un investissement fédéral direct et soutenu dans les services de garde avant et après l’école pour les jeunes de tout le pays. Nous recommandons également de tirer parti des données recueillies par le Secrétariat fédéral responsable de l’apprentissage et de la garde des jeunes enfants et à profiter de son expertise pour cerner les besoins actuels et prioriser les investissements dans certaines collectivités.
Créer et financer une stratégie de main-d’œuvre inclusive pour le secteur des services sociaux et communautaires
Les collectivités où se trouvent les Clubs sont généralement celles qui ont le plus besoin de leurs services. Partout au Canada, les Clubs BGC comptent sur les compétences d’un personnel comptant plus de 6 000 personnes formées et hautement qualifiées, ainsi que sur des bénévoles, pour offrir aux jeunes de véritables occasions d’atteindre leur plein potentiel. En combinant services récréatifs et services de garde autorisés, nos Clubs sont des fournisseurs essentiels de services de garde d’enfants et d’activités parascolaires dans de nombreuses collectivités.
Comme tous les autres employeurs du secteur des services communautaires, les Clubs BGC font face à une grave pénurie de main-d’œuvre alors que nous commençons à nous sortir de la pandémie de COVID-19. En raison de la main-d’œuvre canadienne vieillissante et des nouvelles pressions liées à la mise en œuvre des ententes nationales sur les services de garde, de nombreux Clubs ont du mal à trouver du personnel qualifié et à fidéliser celui-ci. En outre, les Clubs ont signalé des besoins accrus chez les enfants, les ados et les familles, particulièrement en matière de soutien en santé mentale à la suite des périodes d’isolement. À cause de la charge de travail plus élevée, de la pénurie de main-d’œuvre et des salaires faibles par rapport aux autres secteurs, le personnel signale des taux d’absentéisme plus élevés, des problèmes personnels de santé mentale et de l’épuisement professionnel, ce qui fait en sorte que beaucoup de gens choisissent de quitter le secteur. Il faut prendre des mesures pour accroître les effectifs et fidéliser le personnel qualifié actuel.
BGC Canada fait écho aux recommandations de Centraide Canada2, Imagine Canada, YMCA et d’autres qui demandent la création et le financement d’une stratégie globale de main-d’œuvre pour le secteur des services sociaux et communautaires. Nous recommandons que cette stratégie comporte des mesures de soutien destinées aux personnes qui travaillent auprès des jeunes, notamment du soutien à l’éducation et à la formation, l’inclusion dans le Programme de stages pratiques pour étudiants (PSPÉ) et des volets d’immigration. Nous recommandons également des investissements immédiats dans le soutien en santé mentale et dans le programme Emplois d’été Canada comme premières mesures pour atténuer la pression liée au recrutement de personnel.
Soutien en santé mentale
Les jeunes et les travailleurs dévoués qui s’occupent d’eux font face à de nombreuses difficultés, une situation que la pandémie n’a fait qu’exacerber. Un rapport de Statistique Canada montre que parmi tous les groupes d’âge, ce sont les jeunes qui sont les moins susceptibles de déclarer être en bonne santé mentale, et que c’est chez ce groupe d’âge qu’ont été observées les plus fortes baisses en matière d’autoévaluation de la santé mentale depuis la pandémie3. En effet, seuls 42 % des jeunes déclarent désormais être en excellente ou en très bonne santé mentale4. Des effets cumulatifs se sont également fait sentir sur la santé mentale des femmes, des personnes 2SLGBTQ+, des personnes racisées, des Autochtones et des personnes (im)migrantes5 6. Ces populations constituent une très forte majorité des EPE et des personnes qui travaillent auprès des jeunes, et sont donc essentielles à la prospérité de l’économie.
Au Canada, 37 % des gens signalent également une détérioration de leur santé mentale depuis le début de la pandémie7, les travailleurs de première ligne étant plus susceptibles que d’autres de connaître des niveaux élevés de stress, d’anxiété et de dépression. Malgré tout, seulement un tiers des personnes qui travaillent dans ce secteur ont accès à des programmes de prévention de l’épuisement professionnel, et seulement un tiers sont à l’aise de parler de santé mentale au travail8. En 2021, la province de l’Ontario a pris des mesures pour combler cette lacune en investissant 12,4 millions de dollars dans le soutien en santé mentale exclusivement à l’intention du personnel de la santé de première ligne9.
Tenant compte de la crise de la santé mentale et de l’épuisement professionnel dans le secteur du travail auprès des jeunes10, BGC Canada recommande d’accorder la priorité à la création de mesures de soutien en santé mentale pour les enfants, les ados et le personnel de première ligne qui s’occupe d’eux, notamment des programmes de promotion de la santé mentale, d’intervention précoce et de prévention.
Nous recommandons également d’investir dans le financement d’organismes de formation en premiers soins en santé mentale pour veiller à ce que le personnel ait à son actif les compétences nécessaires pour offrir le meilleur soutien possible aux jeunes qui participent à leurs programmes. Favoriser la santé mentale du personnel tout particulièrement dans le secteur du travail auprès des jeunes permettra non seulement d’améliorer la fidélisation, mais aussi de mieux outiller le personnel pour l’aider à soutenir les jeunes qui sont eux-mêmes aux prises avec des problèmes de santé mentale. Un investissement d’environ 2,5 millions permettrait d’offrir de la formation à cet égard à l’ensemble du personnel actuel de BGC.
Programme Emplois d’été Canada
Le programme Emplois d’été Canada (EEC) vise à fournir des services souples et holistiques pour aider tous les jeunes Canadiens à acquérir les compétences et l’expérience de travail rémunéré nécessaires pour réussir leur transition vers le marché du travail. Il permet aussi aux Clubs et aux autres organismes communautaires de recruter des jeunes Canadiens dans nos secteurs pour amorcer ce qui sera souvent leur carrière pour la vie. Plus d’un millier de personnes qui travaillent pour BGC Canada d’un bout à l’autre du pays bénéficient chaque année du soutien du programme EEC, ce qui en fait un outil essentiel pour recruter des travailleurs auprès des jeunes.
En tenant compte du fait que les jeunes du Canada, en particulier ceux qui vivent avec un handicap, étudient de plus en plus, obtiennent leur diplôme et ont besoin d’un emploi tout au long de l’année, BGC Canada plaide depuis longtemps en faveur du maintien toute l’année du programme EEC. Prolonger le programme au-delà de la saison estivale ferait profiter les jeunes de possibilités à un moment où ils en ont particulièrement besoin. Le fait de permettre le travail à temps partiel dans le cadre de ce programme augmenterait par ailleurs sa souplesse, tant pour les employeurs que pour les jeunes, et répondrait mieux aux besoins des organismes au service de la jeunesse dans un contexte de pénurie de main-d’œuvre.
Nous recommandons que des postes à temps partiel et toute l’année puissent être offerts dans le cadre d’EEC, et nous recommandons une augmentation proportionnelle du financement pour l’ensemble du programme. Conformément au rapport du Groupe d’experts sur l’emploi chez les jeunes du gouvernement fédéral, nous recommandons aussi la mise en place d’un mécanisme pour les employeurs de confiance afin de permettre un financement sur plusieurs années, ce qui aiderait les employeurs à mieux planifier le poste des jeunes employés et à les mobiliser de manière significative.
Continuer de contribuer à la modernisation du secteur caritatif et sans but lucratif en mettant en œuvre et en finançant davantage le Fonds de relance des services communautaires, ainsi qu’en investissant dans la collecte de données pour le secteur du travail auprès des jeunes
BGC Canada a accueilli favorablement l’annonce du Fonds de relance des services communautaires (FRSC) de 400 millions de dollars dans le budget de 2021. Le FRSC pourrait potentiellement jouer un rôle déterminant dans le rétablissement, la modernisation et la résilience des organismes caritatifs de services communautaires et sociaux, tant à la suite de la pandémie de COVID-19 que face aux défis qui les attendent. La modernisation sectorielle sera également cruciale pour aider les organismes caritatifs et sans but lucratif à composer avec les importantes pénuries de main-d’œuvre qui continuent de sévir.
De concert avec cinq fédérations nationales de services au Canada, nous demandons un cycle de financement supplémentaire de 400 000 de dollars du FRSC, assorti d’un échéancier approprié pour les dépenses dans la collectivité, afin de répondre à tous les besoins cernés au cours des premières séries de consultations. Qu’il s’agisse de modifier une pratique de collecte de fonds, de mettre en place un nouveau système de RH ou de TI ou de modifier les modèles de prestation de services et de programmes, il faudra au moins 12 mois (et idéalement 36 mois) pour concevoir, développer et intégrer le travail dans un organisme communautaire ou dans le cadre d’un partenariat. Ces échéanciers devraient s’appliquer aux cycles de financement actuels et futurs.
BGC Canada joint également sa voix à l’appel de l’Alliance nationale pour l’enfance et la jeunesse (NACY) en faveur d’un investissement dans la collecte de données propres au secteur du travail auprès des jeunes. Contrairement aux autres secteurs, celui du travail auprès des jeunes ne dispose pas de données exhaustives à l’échelle nationale au sujet de ses organismes, de ses programmes et de sa portée. Un investissement de 10 millions de dollars sur quatre ans pourrait permettre la création d’un sondage national et d’une base de données sur les programmes destinés aux enfants et aux ados, ainsi que d’un indice de référence de la capacité du secteur. Ces données seront essentielles pour repérer les lacunes et les occasions de renforcer le secteur.
Conclusion
En investissant dans les services de garde avant et après l’école, en créant une stratégie de main-d’œuvre pour le secteur des services communautaires et sociaux, en offrant du soutien en santé mentale au personnel de première ligne et en mettant en œuvre et en finançant davantage le Fonds de relance des services communautaires, le gouvernement fédéral peut jouer un rôle essentiel pour favoriser la résilience des enfants, des ados, des familles et des organismes de tout le pays.
4. https://www150.statcan.gc.ca/n1/pub/45-28-0001/2020001/article/00003-fra.htm
6. https://www.feministrecovery.ca/le-plan et https://www.oxfam.ca/news/71-per-cent-of-canadian-women-feeling-more-anxious-depressed-isolated-overworked-or-ill-because-of-increased-unpaid-care-work-caused-by-covid-19-oxfam-survey