Par Owen Charters
Au cours des derniers mois, j’ai été confronté au fait que mes garçons aiment jouer avec des pistolets en plastique et des jeux de guerre. Il semble que, peu importe ce qu’un parent pacifiste fasse pour tenter de limiter ou de contrôler, il est facile pour les enfants d’avoir accès à ce genre de jouets. Je me souviens de l’expression horrifiée sur le visage de ma mère lorsque j’étais rentré à la maison avec une mitraillette en plastique que j’avais gagnée dans un jeu d’adresse à la foire. Je me rappelle que j’avais le choix entre une poupée ou la mitraillette en question. Mon père comprenait mon choix, mais je crois qu’il tentait d’ignorer la question, un peu honteux, alors que je paradais fièrement avec mon nouveau jouet. J’en ai fait bon usage jusqu’à ce qu’éventuellement (et assez rapidement, au plus grand bonheur de ma mère), il se brise.
J’ai, depuis, fait quelques recherches sur l’influence des jeux de guerre et des fusils en plastique sur les enfants, lesquelles semblent indiquer que c’est tout à fait inoffensif et que ça ne fera pas d’eux des adultes violents plus tard. J’ai dû mettre mes craintes de côté légèrement, mais je suis également conscient qu’en tant que parent, il est de ma responsabilité de m’assurer que mes fils comprennent qu’il n’est pas acceptable de glorifier la guerre. Par contre, respecter ceux qui servent notre pays est très important.
C’est particulièrement à propos, compte tenu que cette année marque le centième anniversaire de la fin de la Grande Guerre. Il y a cent ans, les fusils se sont tus à onze heures, le onzième jour du onzième mois. Cette guerre, qu’on appelait aussi la Guerre qui devait arrêter toutes les guerres, ne fut finalement pas la dernière. Mais elle a amené les nations à prendre conscience de ce à quoi la guerre aux temps modernes pouvait ressembler, et ce qu’elle pourrait devenir.
Cent ans, ça fait plusieurs générations—cette guerre est de plus en plus lointaine dans notre mémoire collective, et le sera toujours plus de génération en génération. Le jour du Souvenir n’a pas pour objectif de glorifier la guerre (malgré l’émerveillement de mes garçons alors que des avions militaires volent au-dessus de nos têtes et que les coups de canon et de fusil retentissent le 11 novembre, en souvenir de ceux qui nous ont quitté en protégeant notre pays). Ce n’est pas non plus dans un objectif de paix, ni une protestation contre la guerre. C’est plutôt l’occasion de se souvenir de ceux qui ont combattu afin que nous puissions vivre dans un pays libre, dans une société qui n’a pas ressenti les effets de la guerre depuis le milieu du 21ième siècle. C’est se laisser envahir par ce sentiment qui remonte en nous lorsqu’on regarde la touchante formation « missing man » (formation du disparu) que les avions effectuent au-dessus des cénotaphes aux quatre coins du pays, en souvenir de ceux qui ne sont jamais revenus.
Je m’inquiète que la notion des sacrifices de la guerre soit de plus en plus lointaine pour nous et qu’effectivement, nous oublions. Cependant, alors que les réfugiés de pays en guerre affluent aux portes du Canada, on ne peut faire autrement que de reconnaître que ces sacrifices ont encore lieu aujourd’hui. Et que les Canadiens qui servent aujourd’hui risquent beaucoup pour nous défendre. À l’occasion de Jeunes sur la colline, les jeunes ont traversé le couloir des premiers ministres en passant devant le portrait de Lester Pearson, l’homme derrière la Force de maintien de la paix de l’Organisation des Nations Unies. Nous nous sommes arrêtés devant afin de reconnaître pleinement cette contribution particulière du Canada au maintien de la paix en temps de conflit.
Puissent toutes les générations se souvenir. Qu’elles n’oublient pas. Que nous n’oublions pas.
Au champ d’honneur, les coquelicots
Sont parsemés de lot en lot
Auprès des croix; et dans l’espace
Les alouettes devenues lasses
Mêlent leurs chants au sifflement
Des obusiers.
Nous sommes morts
Nous qui songions la veille encor’
À nos parents, à nos amis,
C’est nous qui reposons ici
Au champ d’honneur.
À vous jeunes désabusés
À vous de porter l’oriflamme
Et de garder au fond de l’âme
Le goût de vivre en liberté.
Acceptez le défi, sinon
Les coquelicots se faneront
Au champ d’honneur.