Par Owen Charters
Dernièrement, les nouvelles ont été bouleversantes.
D’abord, la découverte des restes de 215 enfants dans une fosse commune au pensionnat de Kamloops, sur le territoire de la Première Nation de Tk’emlúps te Secwépemc, a été un rappel dur et brutal des horreurs perpétrées sur les peuples autochtones partout au pays, ainsi que des traumatismes que ces horreurs ont entraînés.
Peu après, la terrible nouvelle d’un acte raciste des plus lâches : dimanche soir, un homme à bord d’un véhicule a délibérément foncé sur une famille qui faisait une promenade, une famille qu’il a ciblée et tuée simplement parce qu’elle était musulmane. Quatre sont morts. Et un jeune garçon de neuf ans se retrouve blessé et tente de donner un sens à un monde qui lui a arraché toute sa famille d’un seul coup.
Nous n’avons pas assez de bras pour réellement exprimer nos condoléances. Pas assez de mots pour décrire nos sentiments face à ces actes inconcevables. Pas assez d’espace pour évacuer toute notre colère.
Les responsables des Clubs des communautés où ces événements atroces ont eu lieu m’ont fait savoir à quel point ces tragédies pèsent lourd sur leurs communautés. Et je sais que c’est le cas de bien d’autres aussi. Nos Clubs aux quatre coins du Canada comptent de nombreux jeunes, membres du personnel et bénévoles autochtones qui portent le traumatisme intergénérationnel causé par les pensionnats et la discrimination perpétuelle. Bon nombre de jeunes, membres du personnel et bénévoles musulmans font également partie de nos Clubs; chaque jour, ils font face au racisme et à l’islamophobie, et ils ne se sentent en sécurité nulle part, ni dans la rue ni en ligne.
Et nous avons entendu bien d’autres histoires horribles ces dernières semaines, comme celle d’un homme battu alors qu’il quittait une plage à Toronto simplement parce qu’il était gai, ou celle d’une femme autochtone atteinte et tuée par une boule d’attelage lancée depuis un véhicule en marche, ce pour quoi son agresseur a récemment été condamné.
Ces incidents sont survenus à la suite d’une année tumultueuse marquée par des mouvements mondiaux de lutte contre le racisme et l’oppression, qui ont vu des communautés du monde entier se mobiliser contre les inégalités systémiques. Et ces incidents sont survenus en plein mois de la Fierté, alors même que nous célébrons l’inclusion et l’acceptation de la diversité.
C’est un brusque rappel à la réalité. Racisme, xénophobie, discrimination, oppression : différentes formes de haine contre lesquelles nous devons continuer de lutter, en redoublant d’efforts pour en éradiquer les causes profondes. Il s’agit de maux systémiques et omniprésents dans notre société. Ils sont réels, et ils sont bel et bien ici. Nous ne pouvons pas nous exclamer aveuglément que ça n’arrive « pas au Canada ». Nous devons faire mieux.
La lutte contre le racisme et la xénophobie est au cœur même du travail des Clubs BGC. D’abord, parce que nous avons le privilège de travailler avec des jeunes, et que nous avons donc le devoir de leur enseigner la tolérance, l’acceptation et la célébration des différences afin de faire changer les choses. Mais aussi parce que les jeunes qui franchissent le pas de notre porte sont souvent victimes de ces inégalités systémiques, et en souffrent, car ces inégalités signifient que moins d’occasions leur sont offertes.
Nous devons dénoncer la haine. Et chacun d’entre nous doit en faire plus – reconnaître les injustices historiques, être conscient du racisme et des inégalités systémiques et y travailler activement, lutter activement pour une société juste.
Nous trouvons du réconfort dans le travail que nous accomplissons, ça nous renforce et nous incite à en faire plus. L’acceptation passe par la compréhension. Prendre le temps de comprendre les autres, leurs origines, leur culture, leurs motivations. La « curiosité respectueuse » est probablement l’un des outils les plus utiles dont nous disposons en tant qu’êtres humains. Nous devons susciter la curiosité en nous-mêmes et chez les autres, même si cela nous met mal à l’aise. C’est en apprenant à nous connaître les uns les autres que nous nous rapprochons, en tant que personnes, en tant que communautés, en tant que pays.