Par Owen Charters, président-directeur général, BGC Canada
20 février 2024
Nous adorons les exemples de réussite. Nous aimons voir et entendre l’histoire de l’enfant qui, contre toute attente, a réussi à s’en sortir. Malheureusement, les statistiques sont là pour nous montrer que bien des enfants ne s’en sortent pas ou, du moins, ne deviennent pas des exemples de réussite. Bien souvent, une seule génération ne suffit pas à briser le cycle de la pauvreté.
Récemment, j’ai visité un Club BGC situé dans un quartier à faible revenu. Je me suis alors mis à songer aux communautés au sein desquelles nous offrons nos services partout au pays. Un trop grand nombre de communautés et de familles ont un accès limité aux logements sécuritaires, à des services de garde, à des aliments nutritifs et à des repas réguliers.
Pour le décile inférieur de la population canadienne, le revenu moyen après impôt était de 12 700 $ en 2021. Pensez-y : on parle d’un revenu MOYEN de 12 700 $ pour un ménage. À titre comparatif, la même année, le seuil de faible revenu pour une famille de 3 personnes dans les plus grandes villes du Canada était de 34 555 $.
Le problème, c’est que la mobilité sociale ascendante est difficile. L’inégalité des revenus continue d’augmenter. On entend souvent dire que l’écart entre les riches et les pauvres s’accroît. En 2021, la tranche de 1 % des personnes ayant les revenus les plus élevés au Canada a vu son revenu moyen augmenter de 9,4 % pour s’établir à 579 100 $, alors que celui de la tranche de 50 % de personnes ayant les revenus les plus faibles a diminué pour s’établir à 21 100 $. Résultat : la situation est extrêmement défavorable pour les familles à faible revenu qui essaient tant bien que mal de sortir la tête de l’eau. Les outils dont elles ont besoin pour se bâtir une nouvelle vie et prospérer sont de plus en plus hors de leur portée.
Les prix des logements ne cessent d’augmenter. Nourrir sa famille coûte plus cher qu’avant (vous avez vu les prix à l’épicerie récemment?) et les frais de garde d’enfants, notamment avant et après l’école, sont exorbitants dans la plupart des provinces. Comment aller au travail quand on doit rester à la maison pour s’occuper des enfants? Comment une famille peut-elle payer son loyer, son épicerie et ses vêtements avec 12 700 $ par année?
J’ai observé les enfants qui participaient à un programme après l’école à ce Club. Ils faisaient ce que font les enfants; quelques-uns mangeaient leur yogourt, d’autres couraient partout et il était difficile de leur faire écouter les instructions… Bref, des enfants ordinaires. De jeunes personnes heureuses, pour la plupart. Qui se fâchaient si leur ami leur donnait accidentellement un coup dans l’œil. Qui se taquinaient. Qui semblaient à l’aise, qui avaient manifestement l’habitude de l’horaire à suivre au Club. Qui participaient avec intérêt. Et je me suis demandé s’il y avait dans ce groupe une future ingénieure, un futur politicien, ou peut-être une mairesse. Une écrivaine? Un enseignant, une médecin, une professeure? Une infirmière, un développeur d’applications, une camionneuse? Un entrepreneur, une propriétaire de petite entreprise? Un chef cuisinier?
Il n’est pas nécessaire que tous les enfants deviennent astronautes, ministres ou vedettes de la LNH. En fait, il est fort probable que ce ne soit pas le cas. À vrai dire, même pour les aspirations plus modestes, les chances ne sont pas de leur côté. C’est ça qui est vraiment inquiétant. Ces jeunes peuvent céder à la tentation de s’enrichir rapidement en se joignant à une gang de rue, ou être dans l’obligation d’abandonner leurs études pour occuper de petits boulots afin de payer les factures. À cause de l’absence d’occasions à leur disposition. À cause des coups durs répétés qui, petit à petit, effritent leur ambition. À cause des défis en apparence insurmontables qui se dressent sur leur chemin. Il y a des enfants qui s’en sortiront. Il y aura des exceptions aux statistiques.
Mettons les chances de leur côté
La bonne nouvelle, c’est que nous vivons dans un pays offrant un bon soutien social, meilleur que dans bien d’autres pays développés. Et la mobilité sociale intergénérationnelle est elle aussi meilleure que dans d’autres pays développés. Cela donne de meilleures chances à ces enfants. Et nos Clubs augmentent ces chances. Les enfants sont en contact avec de vraies occasions dans les Clubs BGC; on leur montre des exemples concrets de ce qui est possible. On les aide à acquérir les compétences qu’il leur faut pour atteindre leurs buts, et on les éloigne des choix qui pourraient les distraire de ces buts ou avoir des effets destructeurs.
Les membres du personnel du Club que j’ai visité ne ménageaient aucun effort pour intéresser les enfants aux activités, même si le désordre qui régnait les frustrait parfois. Mais leur dévotion inconditionnelle était palpable, tout comme l’importance des jeunes à leurs yeux. Ils connaissent chaque enfant. Ces enfants peuvent s’en sortir. Leur école, leur Club et le filet de sécurité sociale un peu effiloché de notre pays sont là pour les soutenir. Ce ne sera pas toujours beau à voir, et ça ne sera assurément pas facile.
Mais la bonne nouvelle, c’est que 69 % des anciens membres des Clubs BGC affirment que leur Club leur a sauvé la vie.
Si les histoires des Clubs BGC sont inspirantes, ce n’est pas parce que ses membres deviennent des vedettes. Nos Clubs sont inspirants à cause du travail que nous y faisons chaque heure de chaque jour de chaque année pour donner une chance aux jeunes d’exploiter leur potentiel, un potentiel dont ils n’ont pas forcément conscience pour le moment. Parce que BGC leur montre les possibilités qui se profilent à l’horizon et les guide vers celles-ci, pour leur permettre de devenir des exemples de réussite à leurs propres conditions. Même si leur vie n’a pas toujours à être sauvée, nous sommes là chaque fois pour mettre à leur disposition les compétences et les possibilités qu’il leur faut pour bien vivre cette vie.
Des relations positives. Des programmes qui changent des vies. Des effets importants.
Faites un don aujourd’hui pour avoir des effets positifs sur la vie des enfants et des ados partout au Canada. Mettons les chances de leur côté.